L’intitulé « Marchés agricoles, politiques et négociations » est l’une des unités fondamentales dans la spécialité à ce niveau d’enseignement. Cela confirme qu’il y a tout d’utile à savoir pour les apprenants que cet enseignement leur permet d’acquérir des connaissances et des boîtes à outils indispensables.
La matière est consacrée, au-delà d’une explication, à une initiation à la politique agricole et aux fonctionnements des marchés de produits d’origine agricole domestiques et mondiaux. Elle s’attèle donc à le faire pour des mesures douanières et des mesures ciblées, qui sont souvent considérées comme des fondements théoriques de libre-échange, pour des négociations internationales et autant pour leur mise en œuvre, ainsi qu’aux aspects institutionnels formels et informels. Elle rappelle pareillement une apparence surprenante des accords internationaux sur les produits dans les enceintes des organisations régionales et mondiales. Les cours, les travaux dirigés et les sorties pédagogiques menés à terme, le futur diplômé agroéconomiste sera en mesure de construire une politique agricole et de l’évaluer à la lumière des préoccupations de son époque.
L’unité prend alors en compte des évolutions récentes en sciences et en technologie, sans ignorer spécialement les préoccupations écologiques ou de durabilité et combine plusieurs approches. Chaque fois qu’une circonstance venait à propos, elle a été utilisée pour fournir des illustrations ou des applications par des productions scientifiques propres dans le contexte du pays. C’était tout autant que des problèmes et des axes de réflexion ont été suggérés aux apprenants.
L’ensemble des cours sont structurés en deux séquences complémentaires et cohérentes donnant suite à une introduction générale. Il s’agit, d’une part, de la « Séquence 1, politiques agricoles, alimentaires et échanges sur le marché domestique » et, d’autre part, de la « Séquence 2, Politiques, échanges internationaux et négociations commerciales ».
« Séquence 1, politiques agricoles, alimentaires et échanges sur le marché domestique »
La première est une suite ordonnée de deux chapitres. Le premier chapitre s’intitule : Instruments des politiques agricoles, alimentaires et marché domestique. Le second a pour titre : Économie politique en termes de (choix publics) et les fondements théoriques de libre-échange.
Le chapitre « Instruments des politiques agricoles, alimentaires et marché domestique » suit un ordre d’enchaînement comprenant 3 points.
1.1- « Mechanism design » (conception des mécanismes) et politique agricole
Le « mechanism design » ou la conception des mécanismes en français est en réalité un Mechanism Design Theory (une Théorie de conception des mécanismes). Une construction de mécanismes a de vastes applications, dans l'économie et la politique (marchés, enchères, procédures de vote), dans les systèmes en réseau, etc. La conception des mécanismes étudie des concepts de solutions pour une classe de jeux d'information privés. Dans un problème de conception, une fonction ‘’objectif’’’ est le principal « donné », tandis que le mécanisme est un inconnu. Par conséquent, le problème de conception est « l'inverse » de la théorie économique traditionnelle, qui est généralement consacrée à l'analyse des performances d'un mécanisme donné ». Ainsi, deux caractéristiques distinctives de ces jeux sont :
* Qu'un "concepteur" de jeux choisit une structure du jeu plutôt que d'en hériter
* Que le concepteur s'intéresse au résultat du jeu
Dans les cours, il y a une application concrète de la théorie du mécanisme design pour construire un mécanisme d’incitations à la résorption du déficit laitier dans le pays.
1.1.2- Processus et démarche de formulation de politique Agricole
Dans ce processus et démarche de formulation, d’analyse de la conception et de la mise en œuvre des politiques, on a appris deux théories distinctes. La Théorie de l’Arbre à Problèmes ≠ de la Théorie du Mécanisme Design avec leurs méthodologies de même que leurs concepts et utilités ou applications concrètes. Pour l’élaboration d’une politique agricole, il y a d’abord deux situations avec les lesquelles se familiariser avant les autres options : celle des pays industrialisés et la situation des pays en développement, aujourd’hui, on parlera plutôt de pays émergents.
Indubitablement, l’intervention publique, autrefois comme aujourd’hui, vise à corriger les inconvénients de marché, mais l’État a été un échec. Plus précisément, un constat dominant est une fréquence d’erreurs de la décision publique et une quasi-incapacité de l’État à adapter son action aux évolutions économiques et technologiques fondamentales, (à tel point que l’analyse des politiques et des instruments d’intervention est devenue une spécialité).
Rappel des deux fonctions « objectif » d’une politique agricole
Les enseignements de réforme constructifs soulignent, pour la politique agricole, la nécessité d’atteindre deux fonctions « objectif » : corriger des défaillances de marché + corriger des problèmes d'équité et de répartition des revenus. Il est conseillé de traiter au préalable la fonction « objectif » cherchant à corriger la défaillance du marché et dans un second temps de traiter la fonction « objectif » concernant les autres problèmes d’équité et de répartition des revenus. Parce que les mesures visant à remédier aux défaillances de marché ont également des effets sur les revenus agricoles, parfois positifs et parfois négatifs.
1.2- Impact des politiques agricoles
Il s’agit des instruments de la politique agricole, l’économie politique, les échanges et la sécurité alimentaire. Cette subdivision commence par une définition de l’économie rurale (économie agricole), de l’institution avec la spécificité algérienne en évoquant des institutions formelles et des constructions informelles comme les arches de Mouiaâdat : tribu de la commune de Birine à Djelfa, ou Ouled Madi de la commune Chlel à M’Sila, ou encore Choufa de la commune Amer (M’Sila). Ensuite, il est utile de donner un ensemble de définitions d’une politique agricole et d’une théorie économique d’impact des politiques agricoles pour une meilleure compréhension. Il semble que les politiques agricoles sont souvent définies et caractérisées par les spécificités de chaque pays, communauté ou de chaque territoire, notamment rural. Les exemples de la Tunisie, du Maroc, de l’Inde et de la Chine ont fait l’objet de réflexion pendant des séances.
S’agissant de l’Algérie, les quatre évènements majeurs ayant marqué le secteur agricole depuis 1962 sont identifiés et leurs impacts analysés également. Ainsi, un inventaire des mesures possibles d’intervention publique s’avère très nécessaire. Aussi, est-il utile d’évoquer les « exemples d’impacts des politiques agricoles à court terme prises pour répondre à la hausse des prix agricoles de la période 2006-2008 » et la « Classification des politiques agricoles à court terme prises pour répondre à la hausse des prix agricoles durant 2006-2008 », y compris celles de l’Algérie.
1.3- Défaillance du marché et les analyses de second rang
Après une définition de défaillance du marché, l’unité d’enseignement rappelle que la notion de défaillance du marché se fonde généralement sur une définition empirique de l'optimalité. Dans ces situations, une recherche de l’intérêt personnel sur le marché est inefficace. Toutefois, la plupart des spécialistes évoquent habituellement trois principales séries de raisons qui font qu'un marché réel diffère assez sensiblement d'un marché idéal pour que son fonctionnement pose problème :
* Marché incomplet
* Situation de concurrence imparfaite (ou structure de marché sous-optimal)
* Externalités
Les auteurs libéraux ajoutent évidemment une quatrième série de causes, souvent déterminante à leurs yeux :
* Défaillance de l'État
C'est une notion éminemment politique dans la mesure où elle peut justifier d'introduire ou de renforcer le rôle d'un acteur comme l'État dans l'économie. C’est-à-dire, les pouvoirs publics peuvent intervenir pour corriger ces défaillances.
Néanmoins, des économistes divergent sur la fréquence et l'importance des défaillances de marché et sur leurs conséquences. Quelques individus commettent des erreurs fréquentes en croyant que les défaillances du marché disqualifient le marché lui-même comme institution de régulation des activités économiques : c’est le cas mais uniquement dans certaines situations vues dans la définition.
Tout compte fait, les risques liés à l’agriculture sont variés et peuvent être divisés en cinq catégories en fonction de leur nature, à savoir naturels, économiques (commerciaux), opérationnels (production), sociaux et politiques (légaux) et financiers. Cette situation et les crises inhérentes à hausse des prix agricoles au cours de 2006-2008, indiquent que le fonctionnement endogène des marchés agricoles et leurs déterminants échappent encore à la compréhension, en raison de leur complexité et de leur spécificité ; ce qui conduit au deuxième chapitre de cette séquence. Il est titré :
Chapitre II : Économie politique en termes de choix publics et fondements théoriques du libre-échange
Il se focalise sur des politiques économiques avec le rôle de l'État, la politique fiscale et sur la politique monétaire. Cette politique économique et les fondements théoriques de libre-échange permettent d’aboutir à la conclusion suivante. Ce qui unit des pratiques législatives et des structures électorales restent à établir. Aussi, les aspects distributifs étant majeurs dans les politiques agricoles, reste-t-il à mieux comprendre pourquoi des fronts politiques ne parviennent pas à exercer un pouvoir compensateur pour un meilleur équilibre politique.
Le point 2.2 : Fondements théoriques de libre-échange aborde l’origine de la théorie du libre-échange. Pour le courant libéral, il fait savoir que la doctrine libérale, préparée au cours du 19e, spécialement à partir des travaux d'A. Smith, repose sur trois piliers : la propriété privée, la libre entreprise et la libre concurrence. Ce qui n’est pas le cas du courant classique, de celui marxiste et du courant keynésien. Ces développements sont tout aussi importants pour les chapitres de la deuxième séquence.
Séquence 2 « Politiques, échanges internationaux et négociations commerciales »
Le chapitre III. « Pouvoir du marché et concentration dans les négoces internationaux et la distribution » porte évidemment sur le marché dans ses fonctions et réalités ainsi que la concentration dans les négoces internationaux et la distribution. Le cas local du commerce des céréales en Algérie retient particulièrement l’attention à partir d’une étude de cas de l’OAIC Office algérien interprofessionnel des céréales.
À travers le suivant, « Organismes internationaux de libre-échange et négociations commerciales », l’existence d’un organisme international (Organisation mondiale du commerce ; OMC) dédié au libre-échange et aux négociations commerciales est signalée.
L’OMC (World Trade Organization, WTO) est née le 15 avril 1994 à Marrakech, mais établie en 1995 et elle succède ainsi au GATT ; son siège se trouve à Genève en Suisse. Elle est l’unique organisation internationale chargée de fixer les règles régissant le commerce entre les pays membres. Les principaux accords sur le commerce des produits agricoles sont :
- La conversion de tous les obstacles non tarifaires (formalités administratives, normes, etc.) aux échanges en droits de douanes, abaissement des droits de douane et la fixation des droits maximaux ;
- La réduction des mesures de soutien interne ;
- La réduction des subventions à l’exportation.
À la date du 24 août 2012, elle compte 157 pays membres avec 95 % du commerce mondial. L’Algérie n’en fait pas partie, mais depuis les années 1990, elle a entamé des négociations pour y adhérer. Pourquoi l’Algérie n’en est-elle pas membre, c’est une question de réflexion débattue lors des cours.
L’OMC, qui rencontre des problèmes, a pour mission d’assurer la libéralisation du commerce à l’échelle mondiale et le règlement des conflits commerciaux. OMC joue un rôle important dans les relations Nord-Sud et se caractérise par une structure (organisation) mixte ; puisqu’elle est à la fois une enceinte de négociation et une enceinte de juridiction internationale.
Le chapitre V est dénommé « Les grands ensembles régionaux ».
L’Algérie est membre d’un ensemble continental et de 3 ensembles régionaux. En ce qui concerne l’ensemble continental, il s’agit de la Zone de Libre -Échange Continental Africain (ZLECAF) succédant à la Communauté Économique Africaine (CEA) (un schéma illustratif).
En juin 1991 : Création de la Communauté Économique Africaine (CEA) entrée en vigueur en 1994.
- Objectif :
* Intégration sous-régionale
* Promouvoir le développement économique, social et culturel Africain
* Intégration des économies Africaines.
8 juillet 2019 : Création de la Zone de Libre-Échange Continental Africain (ZLECAF) à Niamey devenue opérationnelle le 30 mai 2019 avec la signature de 44 pays sauf Érythrée.
- Objectifs :
* Libération du commerce intra-Africain des biens et des services ;
* Suppression progressive des droits de douane ;
* Libre circulation des ressources humaines ;
* Encouragement de l’investissement.
Au sous-titre 5.2, on estime que l’échange intracontinental Africain est très bas par rapport à d’autres continents, en raison des blocages multiples qui existent.
* 2018 : Commerce intra-Africain : 16%
* 2018 : Commerce intra-Asiatique 70%
* 2018 : Commerce intra-Européen 70%
Dans le point 5.3. Les ensembles régionaux Africains, Arabes et d’autres continents, il est à recenser :
UMA : Union du Maghreb Arabe
Les échanges de l’Algérie sont principalement faits avec la Chine et l’Union Européenne.
- 2002 : Accord d’association avec l’Union Européenne signé à Valence (Espagne) et entrée en vigueur en septembre 2005 (Algérie-Union Européenne).
- Janvier 2005 : Grande Zone de Libre Échange Arabe (GZALA), en anglais : Greater Arab Free Trade Area (GAFTA). Elle vise à créer une zone de libre-échange Arabe et un marché de plus de 300 millions de personnes.
Les regroupements sur les autres continents sont :
- ALENA : Accord de libre-échange Nord-Américain entrée en vigueur en 1994 (Mexique, États-Unis, Canada), mais mis récemment en cause par le gouvernement Républicain Américain de 2016.
- ZLÉA : Zone de libre-échange des Amériques en 2012
- ASEAN : Association des Nations de l’Asie du Sud-Est : signée le 28 janvier 1992 à Singapour
Avant de clore cette matière et précédant les indicateurs de commerce international de l’Algérie, une circonstance vient à propos pour analyser la différence entre les deux situations de crises domestiques (en Algérie) (1980 et 2020) induites par la guerre de prix du pétrole (Arabie Saoudite et Russie). La matière menée à terme, les apprenants concernés seront en mesure d’élaborer une politique agricole et de l’évaluer à la lumière des préoccupations du moment.
- Créateur de cours: ABOUB KOMI ABDOU